Au village, la fête bat son plein. Un manège à deux étages tournoie. Trois personnages entourés d’oiseaux virevoltent sur le plateau du bas, tandis qu’un quatrième villageois les surplombe. Très semblables, ils portent tous un large chapeau de paille, indispensable lors des travaux des champs sous le soleil occitan. Dans leurs mains, une fleur rouge et légère comme un coquelicot. Ou bien est-ce un éventail ? L’assemblage est composé de silhouettes taillées dans des morceaux de bois récupérés et fixées sur deux plateaux circulaires. Seules les chemises sont peintes, tandis que le tissu des éventails apporte quelques touches plus chatoyantes.

Toute la poésie du manège émane de cette œuvre de René Guisset. Le mouvement tournoyant du carrousel évoque celui du temps qui passe et renvoie aussi au mouvement des planètes. Il tourne en boucle comme une rengaine, une ritournelle. Et aussi comme une farandole folklorique. Symbole de l’enfance, cette machine foraine n’est pas sans rappeler celle, grandeur nature, construite par Pierre Avezard dit Petit Pierre installée dans le parc du musée de La Fabuloserie à Dicy dans l’Yonne. René Guisset fabrique aussi d’autres scénettes de la vie villageoise. Pêcheurs sur une barque, facteur à bicyclette, amis dansant la sardane ou trinquant au café. Des scènes de la vie quotidienne, d’un monde rural parfois disparu, qu’il construit en volume à partir de matériaux recyclés. Bois, carton, agrafe et peinture, qu’il récupère dans une usine à cageot, chez un épicier ou sur des chantiers. Avec peu d’éléments, René Guisset crée un monde expressif et joyeux. Ses œuvres ont été présentées à la FIAC en 2014 et sont représentées en nombre dans la collection du LaM, Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut de Lille-Villeneuve d’Ascq.